Présentation Mei

Bien avant la malédiction qui me pèse aujourd'hui, j'étais une fille dans l'ensemble assez banale jusqu'à mes 8 ans. Mes parents m'aimaient et les amis affluaient vers moi tel un courant continu s’arrêtant jamais. Cependant, même à l'époque quelque chose n'allait pas. Dans ce mécanismes aux rouages parfait, la rouille commençait à prendre place. Plus j’avançais dans ma vie, plus mes parents adoptèrent un comportement alarmant. Ils ne me disaient rien, croyant pouvoir arrêter l'inévitable si ils fermaient les yeux suffisamment fort. Les années défilèrent et l'angoisse de mes parents s'était accru fortement, je ne savais pas le pourquoi de tous cela mais quelque chose n'allait pas. Bien-sur, j'avais déjà essayé de quérir une réponse auprès d'eux, mais telle une autruche, ils préféraient feindre l'ignorance.

C'était alors que le jour fatidique arriva. Mes 8 ans à peine acquit depuis quelques jours, mes parents avaient décidé de m’amener dans un endroit bien spéciale pour fêter cela. Alors que nous étions en voiture, je me tenais à l'arrière en contemplant les différentes formes de nuages qui saupoudraient le ciel de leurs blancheurs. Nous étions censés fêter un heureux événement mais je pouvais ressentir la tension extrême qui régnait dans ce véhicule. Cette tension fut fatal... Alors que nous traversions, un camion de plusieurs tonnes jaillissant de nul part nous percuta. Le choc fut brutal et assommant, si bien que je perdis connaissance peu de temps après. Je n'eus même pas le temps d'avoir peur pour moi ou pour mon père et ma mère. Seul un appel sourd résonna dans ma tête, un appel transcendant la matière elle même.

Lorsque je me réveillais, un mal de crâne perçant me tourmenta les premières secondes pour ne laisser place ensuite qu'à l'incompréhension. Mon corps était lourd et mon esprit embrouillé. Regardant autour de moi, je ne voyais qu'une chambre aux couleurs absentes. Les murs blancs furent mes seuls compagnons face à ce manque de connaissance le plus total. C'était alors que je compris que je me retrouvais dans un hôpital. Me levant du lit qui soutenait mon corps si fragile, je pus enfin remarquer que ma vue avait été comme divisé. Cherchant un miroir, la vue du bandage qui recouvrait mon œil gauche me terrifia. Que c'était il passé ?

La porte séparant cette pièce du reste s'ouvrit et une femme d'un âge dans la moyenne vint à ma rencontre. Elle semblait amicale et son visage arborait un sourire rassurant. S'approchant de moi, elle s'abaissa pour être à ma hauteur et prononça quelques mots de sa voix si douce :

- Comment vas-tu ? Tu as eu un vilain accident mais finalement tous vas bien.

Je me rappelais alors des quelques secondes qui passèrent avant l'impact imminent. La différence de poids et de vitesse entre les deux véhicules étaient si grand que je me demandais comment j'avais bien pu survivre. C'était alors qu'une tragique pensée me traversa de tous son long pour se loger dans mon cœur qui commençait à céder. Avec une voix étouffée, j'essayais tant bien que mal de parler :

- ... Et mes parents ? Où sont ils ?

Son visage se figea dans une triste expression. Des larmes coulèrent de mon œil droit tandis que l'autre restait emmuré à travers ce bandage oppressant. J'avais très vite compris sa réponse alors qu'elle n'avait jamais été prononcé. Il n'y avait pas besoin de m'en dire plus. Cependant, le chamboulement occasionnait me poussa dans un acte de désespoir à arracher le bandage sur ma tête. Il n'y avait aucun raison particulière que je l'enlève mais ma fureur voulait se défouler sur quelque chose et le choix fut vite fait.

- Ne fait pas ça, tu t'es pris un bout de verre, il n'est pas encore guérit ! disait-elle paniquée par mon agitation en somme assez naturelle après les événements.

N'écoutant que mes émotions, je retirais violemment le bandage pour n'apercevoir qu'un œil étrangement vert. Ce même vert dégageait une impression émouvante et terrifiante à la fois. Malgré les propos de la femme, mon œil se trouvait dans un parfait état malgré son changement inexplicable de couleur. Tous comme moi, la femme fut surprise et c'était alors qu'elle décida de regarder dans cette chose qui ne devait pas être ainsi.

- Ce n'est pas nor...

Elle c'était arrêtée brutalement comme si un éclair venait de la traverser de part en part. Très vite, son regard pourtant si rassurant autrefois ce transforma en terreur. Ses mains se crispa sur sa tête à un tel point que ses doigts s'ancrèrent dans son visage ne laissant que des griffures ensanglantés. Elle cria, hurla, vociféra des insultes horribles. Apeurée, je m'abritais dans un coin de la pièce en espérant que la folie ne m'atteigne pas. Je ne savais pas qu'est-ce qu'il se passait mais cela m'effrayait au plus haut point. Folle et horrifiée, la femme n'avait rien de ce qu'elle était auparavant. Quelque chose se passait dans sa tête que je ne pouvais pas toucher. C'était alors que, de ces gestes décousus, elle tomba en arrière et fracassa la vitre qui séparait la pièce de l'extérieur. Et ce qui devait arriver arriva et sa chute fut inévitable. Quelques secondes après, on pouvait entendre l'affreux bruit des os se brisant sur le sol intransigeant.

Rapidement d'autre personnes se montrèrent sur les lieux pour gérer la scène. Ma main se porta naturellement sur mon œil pour le cacher au reste du monde. Celui-ci n'était pas normal, j'en avais la certitude au plus profond de moi. Cet accident avait déclenché une réaction chez moi, une réaction bien funeste. En l'espace de quelques jours, la mort avait frappé deux fois autour de moi. Très vite les journaux locaux parlèrent de moi comme une fille maudite attirant la mort autour d'elle. Je fus accueillis dans un orphelinat par la suite mais tous le monde se tenait à proximité de moi. Même les adultes me craignirent. Ils ne pouvaient pas comprendre alors ils me fuyaient.

La mort guide les pas de cette fille. Voilà ce qui se disait...